L'audace cache de grandes craintes ||EKATERINA||

Citation by lucain

Allongé sur le sofa, je contemplais mon appartement impeccablement rangé en jouant avec un post-il rose que je trouvais sur le frigo. « Fais gaffe à toi ! Je sors.» annonçait-il. Rien de plus, rien de moins. Abigaïl n’avait pas chômé cette après-midi. L’appartement était impeccable, rangé et nettoyé dans sa totalité. Visiblement, elle n’était pas la ce soir et, à travers ce bout de papier, elle semblait me mettre en garde de respecter ses longues heures de travail destinées à rendre cet endroit habitable. Dès lors, Je veillais à ne rien laisser traîner. Cette fille, paradoxe à l’état pur, pouvait se montrer aussi agréable que teigneuse. Certes, nous nous apprécions mais si j’ai aujourd’hui – comme tous les autres jours d’ailleurs – le malheur de ne pas suivre ces recommandations, elle abattrait ses foudres sur mon esprit torturé. Je n’ai jamais été du genre à me taire. Je n’ai pas ma langue dans ma poche et fille ou non, les tempêtes ne m’effraient pas. Toutefois, en ce moment, je préférais sincèrement éviter les conflits. Je ne suis pas en mesure de contre-attaquer. Il suffit d’observer ma jambe gauche s’animer contre mon gré, battant la mesure de mon rythme cardiaque accéléré par mes soucis pour comprendre que mon éternelle quiétude s’est envolée. Elle a fugué ce soir où, nonchalante, cette belle brune frappa à ma porte pour me balancer mes cartes à jouer à figure. Si seulement elle s’était montrée moins scrupuleuse à gagner sans cadeau….N’importe quoi… Pour prétendre à pareilles prétentions, encore faut-il connaître les ficelles du poker. J’aurais mieux fait de me montrer plus vindicatif ce soir où je l’ai laissé gagné. Je ne l’aurais jamais embrassée. Elle serait restée loin de mon lit et loin de ma vie…. Ma vie…elle était moins bien compliquée avant Ekaterina. Elle a débarqué dans ma vie sans crier gare, a chamboulé mes habitudes, en a créé d’autres pour à nouveau les bousculer. Pour qui se prend-elle ? Pff. Pathétique. Elle est pathétique. Je suis sûr, elle regrette déjà. Elle se lamente dans son appartement en se demandant comment elle va s’en sortir sans moi. Fallait qu’elle y réfléchisse avant, maintenant, c’est trop tard. Je ne suis pas son pantin. Je ne suis pas sa marionnette, qu’elle retourne voir ce mec, celui dont elle ne se souvient même plus le nom…. Je m’énerve. Ma jambe s’agite de plus en plus vite. Il faut que je bouge, que je m’en aille, que je pense à autre chose. Elle ne mérite pas que je me torture l’esprit pour ces beaux yeux. Elle ne mérite même pas l’intérêt que je lui ai porté. D’ailleurs, pourquoi cette histoire m’agace tant. C’est pas comme si j’étais amoureux d’elle ou comme si elle me manquait. Non. La bonne blague… Je deviens fou. Je quitte ce divan où je survis. Je me trouve lamentable, rejoins la salle de bain et prend une bonne douche froide ou j’oblige ma tête à penser à mes cartes et à rien d’autres. Mes cartes. Jouer. C’est une bonne idée. Je vais rejoindre ma petite équipe au café. La, je suis chez moi. La, elle ne me poursuivra pas.

***

J’ai tout raflé. Ce vieil avocat installé sur Piccadilly Circus à jouer sa Rolex et je l’ai gagnée. Je me sens mieux. J’ai du baume au cœur et des tunes plein les poches. Je n’ai pas envie de rentrer. Il est trop tard ou trop tôt. Will me propose de l’accompagner dans cette boîte de nuit branchée. Etrangement, j’étais vêtu en conséquence. Mon pantalon noir et ma chemise était impeccablement repassé. J’étais politiquement correct et j’accepte. Je pénètre dans la boîte où de jolies femmes plantureuses me sourient déjà. On commande une bouteille de champagne. J’étais en vaine ce soir, il fallait en profiter. Will dégota une table où l’on s’installa dans un des fauteuils rouges pour déguster notre verre où la vue sur la foule était imprenable. Les filles sont toutes plus belles que les autres alors que les hommes sont tirés à quatre épingles.

W : Alors ? Laquelle te plait dis-moi ?

Je jette un coup d’œil à l’assemblée et une seule parmi toutes ces magnifiques beautés interpellent mes yeux bleu. Une seule. Ekaterina. Mon sang ne fait qu’un tour. Je bouille de l’intérieur. Comment peut-elle traîner dans une boîte de nuit alors qu’elle attend un enfant ? Je la savais irraisonnable mais ni stupide ni irresponsable. Je ne sais si c’est la colère qui guida mes pas mais, sans même adresser un seul mot à William, je rejoins la jeune femme, l’attrapant par le bras pour l’entraîner vers les vestiaires…l’entraîner la où je n’aurais pas à crier pour me faire entendre.

D : Qu’est ce que tu fous ici ? C’est moi qui dois te rappeler que tu es enceinte ?

Ou pas. Après tout, peut-être s’est-elle séparée de l’embryon pour retrouver sa liberté.

D : A moins, bien entendu, que tu te rappelles du visage de son père et qu’il ne veuille pas d’une traînée et d’un marmot.

Ekaterina avait passé la journée dans son appartement, à embêter Warden pour qu’il allait lui chercher de la nourriture, ou encore des fast foods car mademoiselle était trop fatiguée pour pouvoir se déplacer. Enceinte de deux mois, Ekaterina avait choisit de garder l’enfant, pour elle, l’avortement n’était pas une solution, elle était responsable, et elle était persuadée de savoir s’occuper de l’enfant, en tout cas, la jeune russe savait qu’elle aurait un coup de main de la part de Warden et Woody. Warden était suffisamment gentil pour vouloir l’aider à aménager une autre petite pièce qui pourrait être la chambre du bébé. En fin de compte, malgré le mauvais caractère d’Ekaterina, et sa facilité à être cassante, ses amis étaient toujours là, qu’elle les ait blessés ou non, ils étaient toujours là, et à cette pensée, son cœur flancha totalement. Et la voilà entrain de regarder divers séries américaines complètement nulles, avec un bon bol de popcorn.

Ekaterina était le genre de jeunes femmes a aimée bouger, mais pourtant, depuis quelques jours, voir semaines, elle passait le plus clair de son temps dans l’appartement, ou au parc pour profiter du soleil, elle s’arrêtait aussi souvent en chemin pour s’acheter un petit quelque chose à manger, comme d’habitude depuis qu’un bambin grandissait dans son ventre anciennement plat. Mais ce soir, ses amis avaient décidés de la sortir un peu, sans lui dire où elles allaient se rendre. Elles ne purent échapper à l’air grognon de leur amie, Ekaterina était souvent partante, sauf quand elle ne savait pas où elle se rendait. D’ailleurs, une fois qu’elle passa les portes de la boite de nuit de la ville, Ekaterina était attaquée par une soudaine mauvaise humeur. Ce n’était très certainement pas bon pour l’enfant, et elle en voulait assez à ses amis pour le coup, mais, elle ne put s’empêcher par finir par s’amuser.

Cela faisait bien trop longtemps qu’elle n’était plus sortie, elle devait également profiter de sa jeunesse qui allait vite finir avec le nouvel individu qui allait naitre dans quelques mois. Elle n’était pas inquiète pour l’enfant, mais plus pour le père. Dwayne. Cela faisait un certain temps qu’ils ne s’étaient pas vus, Ekaterina avait évité tous les endroits où elle était susceptible de le croiser. Peut-être pour éviter une nouvelle flopée d’insultes. Si seulement il savait qu’au fond, elle n’était pas cette garce, qu’elle voulait juste le protéger de la future vie qu’elle allait voir, il semblait encore voulu s’amuser un peu, alors elle ne voulait pas ruiner sa vie avec un enfant qu’il ne risquait pas de désirer.

Mais voilà, le destin s’en était mêlé et alors qu’elle tenait son verre de coca dans une main, on l’a tira violemment dans un endroit plus calme, reconnaissant parfaitement Dwayne. Le sort s’acharnait sur elle visiblement. Une fois arrivé à destination, Ekaterina le regarda, surprise. Il était évident qu’elle risquait de le croiser ici, elle avait été sotte de rester, sachant la future réaction qu’il allait avoir. Accroche-toi Ekaterina. Et les insultes fusaient déjà. Prenant un air totalement détachée, comme si les insultes qu’il venait de lui dire ne l’avait en rien touché. Elle but une gorgée de son coca.

« Je vois que tu es toujours en forme niveau insulte. »

Ekaterina lui sourit, comme si elle venait de lui faire le plus beau compliment au monde.

« Et puis, je ne comprends pas pourquoi tu réagis de façon excessive, ce n’était pas comme si nous étions en couple. Tu vas me faire croire que toi, tu n’as pas été voir d’autres filles, peut-être ? »

Comment osait-elle ? Quel culot. Elle me regarde en chien de faïence comme si ma réaction était insensée, comme si je n’avais pas le droit d’être outré par son comportement. Bien que peu exposée, notre relation était de notoriété publique pour ses proches comme pour les miens. Les ragots, je connais, ça court plus vite que la vérité, elle pourrait au moins avoir assez de respect que pour ne pas s’afficher enceinte dans une boîte de nuit. Je lui en veux tellement que j’en oublie que toute cette histoire ne me regarde pas. Ne me regarde plus. Pourtant, c’est plus fort que moi. Il faut que je l’accoste, que je l’entraîne loin de la foule. Je devrais éviter de nourrir les lions, éviter de rendre nos règlements de compte public, ne pas alimenter les ragots. Comment puis-je faire ? Je suis humain, tout simplement.

Je l’entraîne donc au loin, dans les vestiaires. J’espère que nul ne viendra nous perturber et je suis à deux doigts de lui arracher son verre des mains quand je constate qu’il ne s’agit que de coca. En alcool, Ekat est assez limitée. La tequila lui va très bien, elle ne varie pas beaucoup. Je m’abstins de lui balancer son verre, reporte mon attention sur elle et je l’assène d’une remarque cinglante dont j’ai le secret. Je la dévisage. Je cherche. J’attends. N’est-elle donc pas capable de sentiment ? Je la compare à une pétasse avec le cœur entre les jambes, une future mère irresponsable et elle ne réagit pas. Rien. Pas d’expression de tristesse sur son visage. Rien. Pas de geste de colère. Néant. N’est-elle pas affectée par notre rupture… Ce mot résonne dans ma tête tellement fort qu’il lui fait mal. Il cogne mes tempes et je réalise ma bêtise. Il n’y a jamais eu de couple pour elle, donc….il n’est de rupture. Cette réalité me fait un pincement au cœur… En d’autres temps, c’est moi qui joue avec le cœur des brebis. Aujourd’hui, j’ai l’impression d’expérimenter le proverbe : « Tel est pris qui croyait prendre ». la vie n’est-elle pas mal faite ? Pourquoi suis-je si sensible à cette fille ? Pourquoi ne puis-je pas m’en moquer comme de toutes ses autres ? Je maudis ma faiblesse et me laisse envahir par la colère. Je l’écoute me parler d’insulte. Je trouve qu’elle exagère. Aucun mot odieux n’est sorti de ma bouche, juste quelques vocables pour la blesser en vain.. Je secoue la tête et reste stoïque lorsqu’elle me parle de mes infidélités. Quelles infidélités ? Certes, notre histoire n’était pas exclusive. Il en avait toujours été ainsi. Néanmoins, bien que je ne laisse sous-entendre le contraire, je n’ai posé mes mains sur aucune autre femme. Bien sûr, elle n’en savait rien. Heureusement. Elle ne devait pas savoir…normalement….

Pauvre chose. Tu te sens insultée ?

Je feins les remords. J’ironise. Je suis a deux doigts d’en ajouter une couche, de l’insulter pour de vrai, qu’elle apprenne à faire la différence entre l’insulte et la raillerie. Je me retiens, me contentant de commenter sans grande compassion :

C’est toi qui est excessive. C’est vrai. On a parlé de relations non exclusive et c’est vrai aussi qu’on a jamais fonctionné comme un couple niais et à l’eau de rose. MAIS…. Je tiens à préciser qu’il n’a jamais été question d’agir comme TU la fais. Je m’en fous que tu sois en cloque. Je m’en fous que tu couches avec le premier venu mais au moins, aie assez de respect pour toi que pour lui demander son nom. Et puis….SI. SI je réagis de façon excessive. Parce que tu vois, j’ai jamais eu à ….oh et puis, laisse tomber.

J’ai toujours détesté être en colère. J’évite les conflits. Je pourrais partir, la. Tout de suite. Lui faire la moitié d’une scène et regretter d’en dire beaucoup trop. Me réveiller et me casser. Sans crier gare. D’ailleurs. Je tourne les talons et m’éloigne déjà… La laissant pour compte d’explications incomplètes

Dès le moment où Ekaterina s’était retrouvée en face de Dwayne, son cœur avait fait un loupé. Elle était attachée à lui, et Woody lui avait dit qu’elle avait été stupide de faire croire de mauvaises choses au jeune homme, car cela allait très certainement créer un faussée entre eux. Mais c’était peut-être cela qu’Ekaterina cherchait. Eloigner Dwayne d’elle, car comme elle l’avait dit à sa meilleure amie, elle n’allait rien lui apporter de bon, rien que le fait qu’elle tombe enceinte de lui, cela allait sûrement tout gâcher, elle avait pensé faire le bon choix, Ekaterina n’était pas assez forte pour pouvoir avorter, bien qu’elle considérait cela comme de la lâcheté d’enlever la vie à un enfant. Ekaterina avait décidée d’assumer cela seule, elle avait fait le faux pas, et elle ne pouvait pas forcer Dwayne à faire un choix, alors elle avait préféré le faire elle-même en mentant, mais dieu comme cela avait été difficile. La jeune femme aurait préférée lui dire qu’elle était amoureuse de lui, plutôt que de dire cela, mais c’était la seule chose qu’il lui était venu à l’esprit quand elle avait apprit qu’elle était enceinte. Et malgré l’avis de ses amis les plus proches, elle restait persuadée qu’elle avait fait le bon choix en l’écartant une fois pour toute de sa vie compliquée.

Elle avait attendu de la part de Dwayne des remarques blessantes, encore pire que lorsqu’elle lui avait dit qu’il n’était pas le père. Elle se fichait pas mal de savoir ce que les gens pensaient d’elle, qu’est-ce qu’ils murmuraient parfois sur son passage dans les endroits où on la connaissait. Mais le fait que Dwayne utilise des mots aussi forts contre elle, la blessait profondément. Et c’était ainsi qu’elle s’était rendu compte qu’elle éprouvait des sentiments pour lui, qu’elle tenait à lui. Ekaterina avait eu le cœur brisée face à la réaction de Dwayne, et elle n’arrivait même pas à lui en vouloir, si cela s’était avérait vrai, il avait parfaitement le droit de l’insulter de salope, bien qu’ils ne fussent pas dans une relation exclusive. Mais pourtant, elle l’avait vu que lui, elle n’avait eu cœur que pour lui, dès le moment où elle avait croisé son regard. Il était loin d’être le type parfait, et elle était loin d’être la fille parfaite, et pourtant, ils se complétaient assez bien. Ekaterina savait calmer Dwayne, et inversement. Et pourtant, à ce moment précis, leurs deux caractères entrainent en collision.

La jeune Russe serrait son verre un peu plus fort dans sa main, si elle avait eu des super pouvoirs, il est clair qu’il se serait brisé depuis longtemps. Elle encaissait sans rien montrer, c’était sa façon d’être, sa façon de se protéger aux yeux du monde. Faire croire qu’elle s’en fichait, que seule elle l’importait. Ekaterina avait perdu cette faculté lorsqu’elle avait connu Dwayne, et dès le moment où les choses s’étaient dégradés entre eux, elle avait endossé à nouveau sa carapace. Cette carapace que seul Dwayne avait réussit à briser, sans même s’en rendre compte. La jeune femme se doutait qu’au fond, il réagissait de la sorte, c’est parce qu’il se souciait d’elle, enfin, elle l’espérait. Au fond de son cœur, elle espérait encore que tout ne soit pas finit entre eux, mais cela n’arrive que dans les films, et pas dans le monde qu’on appelle La Terre. Sans même prendre la peine de finir sa phrase, il s’éloignait déjà. Dans un excès de colère, Ekaterina brisa son verre sur le sol, peut-être pour faire en sorte que Dwayne s’arrête dans son élan, ce qu’il marcha plutôt bien visiblement. « Je t’interdis de partir ainsi. » Ekaterina avait élevée subitement la voix, chose qui semblait assez rare, puisqu’elle gardait toujours une certaine délicatesse quand elle devenait en colère. Elle s’approcha à grand pas de lui, alors qu’il se trouvait près de la porte des vestiaires.

« Tu n’as même pas le courage de finir le sale boulot. Pourtant, tu as une grande gueule quand il s’agit de m’insulter, pas vrai ? C’est fier, c’est fort, et c’est beau, et quand il faut dire les choses en face, ça joue la tapette. Je te pensais un mec, un vrai, un gros dur de la vie, celui qui crache par terre, et qui claque sa monnaie dans le poker car il fait rien de sa foutue vie à part baiser à gauche à droite. Je me demande encore ce que j’ai pu te trouver. Tu vois, en fait, je ne vais pas te mentir, je tiens à toi. Et ce n’est pas plus mal que tu penses ses choses-là, car t’aurais souffert d’une façon ou d’une autre. Puis, franchement, je ne vois pas pourquoi tu te soucis de moi comme ça. Qu’est-ce que ça peut te faire que je sois en soirée tout en étant enceinte, on dirait presque que tu nous la joues au petit ami protecteur. »

Bien évidemment, elle ne pensait pas une seule instant que Dwayne pouvait s’intéressé à elle. Elle n’avait été qu’une partie de jambes en l’air assez sympathique, pendant une année. Ekaterina se trouvait à une proximité très réduite de Dwayne, en le défiant du regard, puis avec son air supérieur, qui cachait souvent quelque chose, elle lâcha. « C’est Warden le père, tu sais, mon meilleur ami, et mon colocataire. » Elle venait d’impliquer son meilleur ami, alors que cela était totalement faux, elle espérait juste que Dwayne n’irait pas chercher Warden.

Que n’aurais-je pas donné pour ne plus jamais avoir à la croiser ? Tout…sauf peut-être mon talent au poker. Non pas qu’elle soit désagréable à regarder, au contraire, elle est physiquement parfaite à mes yeux : de longs cheveux foncés et lumineux, des pupilles enluminées aux couleurs de l’automne, une bouche dessinée au pinceau et ses lèvres attrayantes s’harmonisant si bien avec son corps élancées, ses hanches arrondies et ses jambes galbées qui n’en finissent jamais. Qu’espérez de mieux ? Je plonge mes yeux noirs de colère dans les siens, non moins coléreux et je pourrais déjà m’y perdre. Ne suis-je pas bête et stupide ? Stupide d’aimer, encore, la contempler et bête d’espérer, trop fort, que cet enfant n’aie jamais été conçu. C’est vrai. Je suis en colère, en colère contre elle. Je sais parfaitement nommer ce sentiment qui jaillit en moi dès qu’elle se perd dans mes remises en question nocturne. Je suis en colère mais ne réalise pas qu’elle porte la vie en elle. Peut-être l’accepterais-je lorsque son ventre arrondi me narguera. Je divague. Sa beauté me fait perdre pied. Dwayne, mon cher Dwayne, n’est-elle pas la pire gare que le monde ait porté ? Ne serait-elle pas plus digne de toi si elle connaissait le respect ? Pour sûr, elle en manque cruellement. Et que dirais-tu de sa vertu ? Grand Dieu Oui ! Elle en est totalement dépourvue. Elle se laisse mettre en cloque par le plus parfait inconnu, me balance et se trémousse en boîte de nuit. Cela ne fait aucun doute. La vertu, elle ne connait pas…Tête avec ma conscience et ma rancœur. Mes pieds touchent à nouveau terre. Ni ses courbes, ni ses manières ne m’émeuvent. J’oublie sa renversante beauté extérieur, je me souviens, simplement, qu’elle aurait pu me briser le cœur. Je lui assène un coup fatal plastronné d’un cruel sarcasme et je me réjouis d’avance de l’affliction à déchiffrer sur trait. Quelle déception. Aucun signe, aucune geste. Rien. Pas même un soupçon de contrariété. Son détachement est écœurant. N’étais-je pour elle rien d’autre qu’une récréation ? Je suis consterné. Elle m’accuse d’être excessive et je tente malgré tout de me défendre. Je me noie dans mes explications. Je n’ai pas envie de me prendre la tête. Pas pour elle. Elle ne le mérite pas, ne le mérite plus. Je remballe mon blabla et tourne les talons. A quoi bon… Je l’imagine sourire, satisfaite et j’enrage. J’accélère le pas mais ma course est interrompue par le fracas d’un verre. Je jette un coup d’œil par-dessus mon épaule, imaginant le pire….une bousculade violente et son enfant pourrait en subir les conséquences. Mais pourquoi donc parviens-je encore à me soucier d’elle et surtout, de ce môme qui n’est pas le mien ? Pestant, je m’apprête à reprendre ma course mais je ne fais pas un pas de plus. Je me retourne et fait face aux assauts menaçants d’Ekaterina. Elle m’interdit ? Et ? Que suis-je censé faire ? Obéir ? Je pouffe, secouant la tête. Elle ne doute réellement de rien. Je la toise et m’apprête à pousser la porte des vestiaires. Elle hausse le ton. Quelques clients se retournent sur elle et elle fond sur moi tel un aigle sur sa proie. Ces réprimandes sont acérées. Vipère. Tu es très forte, d’autant que je n’ai pas ta force de ta caractère. Seules les femmes sont capables d’encaisser les injures sans chavirer. Seules les femmes sont capables d’une telle prouesse. Nous, les hommes, soit nous fuyons soit nous laissons notre ire s’exprimer sans pudeur ou ménagement. Elle a refusé ma fuite et sa mauvaise foi prend possession de mon corps. Mes nerfs tremblent de la tête au pied. J’expire, je tente vainement de maîtriser cette colère remplaçant le sang coulant dans mes veines. Mon rythme cardiaque s’accélère. Elle dit tenir à moi… Foutaises. Comment ? En couchant avec cet inconnu… Je bois chacun de ses mots dans l’unique but de lui vomir la pareille. Elle progressait sa course sans cesser son manège. Elle était si près que son souffle chaud caressait mon menton. Je l’interromps et détourne ses accusations sans queue ni tête :

D : Et toi ? Qu’est ce que tu fais de ta vie Ekat ? Qu’est ce que tu vas offrir à ton môme ? Tu n’as rien. Tu n’es qu’une stagiaire qui baisera avec son patron pour gravir un tout petit échelon s’il ne te vire pas. Tu n’as rien et n’es rien. Strictement rien de mieux que moi. Et si je ne sais rien foutre d’autres que jouer au poker, au moins, MOI, je ne me vendrai jamais. Mais à part ça, c’est moi qui baise et c’est toi qui tient à moi…Petit c***. Tu as du oublier un détail de taille quand tu as préparé ce monologue sans fondement. C’est TOI qui baise, et c’est MOI qui reste sur le carreau…c’est moi qui suis fait passer pour un con quand je t’ai balancé que j’assumerais ce fameux soir ou tu as passé la porte pour m’annoncer que je n’étais pas le père de ton PAUVRE enfant….Je le plains ce gosse. Je le plains de tout cœur. Personne ne voudrait d’une mère comme toi.

Mes pensées dépassent mes mots. Je suis juste blessé. J’aimerais tellement entendre son cœur se briser sous le poids de mes outrages. J’aimerais tellement voir son menton balancer et des larmes roulés sur ses joues rougies par la colère. Dieu que j’aimerais la voir souffrir autant que moi à l’instant précis où elle avoua à qui elle devait son enfant. Warden. Son colocataire. Warden.

W : Warden ?

Je n’en revenais pas. J’étais stoïque, presque sans vie. Il me fallait réaliser toute l’ampleur de cette situation. Ma colère devient fureur. Une fureur plus introvertie alors qu’il y a quelques minutes, je criais aussi fort qu’elle :

D : Tu t’es bien foutu de ma gueule hein ? Non. Non. Vous vous êtes bien foutus de ma gueule….Et ca dure depuis combien de temps ?

Insensiblement, le ton monte. Et c’est moi qu’elle traitait de tapette quelques secondes auparavant ? Moi ? Alors que j’ai rencontré ce mec une dizaine de fois sans qu’il a osé me saluer sans même laisser exprimer le moindre remord ? Il restait naturel, avenant, poli, bref….le parfait Boyscout… J’explose. C’est le fracas de mon cœur que j’ouïs quand le sien reste intact. Sait-elle sa chance d’être une femme ? Je suis consterné et attrapant son bras, le serrant peut-être un peu trop fort, j’approche mes lèvres de son oreille pour lui murmurer, mâchoires serrées :

D : Prie pour que je ne le croise jamais plus et arrange toi pour ne plus jamais être dans mes pattes. C’est clair ?

Je l’ai lâchée, bien décidé à partir cette fois. Je n’ai plus rien à lui dire. Je ne veux plus jamais la voir. J’ai besoin d’eau ou d’air frais. Mes sentiments confus me sont révélés dans la souffrance de la trahison. Je suis jaloux, tout simplement.

La situation était critique, jamais Ekaterina n’aurait pu penser que cela aurait pu aller si loin entre eux, simplement à cause de fait qu’elle était enceinte. Dwayne y attachait une telle importance, comme si elle l’avait trompé. Mais elle ne faisait que mentir pour le protéger des erreurs qu’elle avait commises. Il semblait tellement affecté par la grossesse de la jeune femme, et pourtant, elle supportait les insultes, avec la figure haute, comme si rien ne la touchait. Mais à l’intérieur, son cœur s’était brisé en des tas de morceaux, elle ne voulait juste pas avoir l’air d’une femme faible, tellement faible. Cela lui avait déjà suffisamment coûté de se rendre compte qu’elle était énormément attachée à Dwayne, alors, en plus, se sentir blessée par ses propos, elle était à deux doigts de fondre en larmes, si elle n’avait pas eu cette force de caractère incroyable qui lui venait de son père. Elle encaissait, car c’était ce qu’elle savait faire de mieux, Ekaterina essayait de se concentrer sur le fait de ne pas craquer devant Dwayne, elle devait se dire que cela lui ferrait trop plaisir, en fin de compte, Dwayne et Ekaterina étaient plus ou moins sur la même longueur d’onde, celui qui arriverait le mieux à blesser l’autre, et Dwayne gagnait haut la main.

Ekaterina savait que Dwayne attendait avec impatience de la voir flanché, de voir que ses paroles avaient enfin atteint le cœur de pierre de la jeune Russe. Mais la jeune femme valait mieux que ça, elle ne pleurait jamais devant les gens, sauf devant ses meilleurs amis, ou alors, elle pleurait, enfermée dans sa chambre, dans le noir. Elle était bien trop fière pour se montrer faible, et c’était une erreur de sa part, on lui avait souvent dit que sa fierté risquait de lui jouer des tours un jour ou un autre, et qu’elle devrait en payé les pots cassés, et c’était ce qu’il se passait actuellement. Dire qu’elle avait embarqué Warden dans cette histoire vis-à-vis de Dwayne. Mais, pas pour bien longtemps, suite au propos tenu par Dwayne, Ekaterina se fixa dans l’idée de lui fermé son clapé en lâchant finalement que c’était lui le père, mais elle ne comptait pas lui dire dans l’immédiat. Peut-être histoire de le laisser enragé dans son coin, compte tenu de sa réaction vis-à-vis de Warden. Elle était toujours là, proche de Dwayne, le fixant sans ciller une seule seconde. Les mots du jeune homme percutaient son cœur de façon aussi violente que si elle s’était pris une voiture dans la poitrine. Mais elle ne montrait rien, comme si les insultes de celui-ci glissaient sur elle.

« C’est toi qui a commencé à monter sur tes grands chevaux, en disant que tu voulais assumer, et tout, j’avais encore rien précisé, c’est toi qui est parti dans ton délire. Certes, je n’ai rien à offrir à … » Ekaterina se stoppa soudainement, portant une main discrète sur son ventre. « Tu ne mesures pas tes paroles. J’ai merdé, ok. Mais ça ne veut pas dire que je serais une mauvaise mère, personne ne peut le savoir. Tu ne me … » Une douleur. « Connais même pas. » Ekaterina continuait à le fixer, comme si de rien n’était. De toute évidence, Dwayne ne remarquerait pas le malaise de la jeune femme, trop aveuglé par sa propre colère. Peut-être prendrait-il les hésitations d’Ekaterina comme un élément qui prouve qu’il l’aurait enfin touché en plein cœur. Puis, à peine avait-elle prononcé le prénom de Warden que le sang de Dwayne ne fit qu’un tour dans ses veines. Ekaterina savait qu’elle n’aurait pas dut intégré Warden à cette histoire, elle savait pertinemment que Dwayne serait près à aller le chercher pour lui décalqué le portrait juste histoire de passer ses nerfs. Elle avait été stupide, rudement stupide sur ce coup là.

Écoutant à moitié la brasse de parole de Dwayne, elle le fixa à nouveau quand il lui attrapa le bras suffisamment fort pour lui tirer une grimace. Ekaterina était assez douillette, peut-être même trop. Alors qu’il la relâcha, une violente douleur se fit ressentir au niveau de son ventre, comme si on venait de la transpercé avec une lame. Se cambrant légèrement en avant, une main porté sur son ventre, elle essaya d’étouffer un cri de douleur. Que ce passait-il ? Elle s’était peut-être trop énervée, et le bébé se rebellait peut-être contre Dwayne, enfin, certainement pas, c’était juste histoire de réconforter Ekaterina. Une seconde douleur se fit ressentir, un peu plus fort, cette fois-ci, elle poussa un gémissement de douleur, l’inquiétude se lisait sur ses traits, et Dwayne était pratiquement sorti des vestiaires, c’est à cette instant qu’elle sentit un liquide chaud coulait le long de sa jambe nu, du sang. Du sang. Toujours cambré, elle finit par lâcher « DWAYNE ! » Elle ne savait même pas si il était encore là, si il allait l’entendre, que ce passait-il ? Puis elle se laissa glisser contre l’un des casiers. Mauvais karma, à cette instant, elle était persuadée que le mauvais karma avait joué contre elle, et que finalement, Dwayne avait raison, cela prouvait qu’elle risquait d’être une terrible mère qui ment, et qui est trop fière pour s’avouer amoureuse de cette abruti de Dwayne.

» EKATERINA __ she's only happy in the sun
» VYCILINSKI, Ekaterina • nothings gonna stop me.