• Contexte

ENGLAND. LONDON. YOU. US. THE WORLD.

« Fais bouger le monde, ton monde ! Regarde ce paysage qui s'offre à toi, admire comme la côte est finement ciselée, on croirait de la dentelle, tu vois comme le soleil y fait vivre mille lumières toutes différentes. Chaque arbre oscille à sa vitesse sous les caresses du vent. Tu crois que la nature a eu peur pour inventer autant de détails, autant de densité. Mais la plus belle des choses que la terre nous a données, ce qui fait de nous des êtres humains, c'est le bonheur de partager. Celui qui ne sait pas partager est infirme de ses émotions. Tu vois, ce petit matin que nous passons ensemble se gravera dans ta mémoire. Plus tard quand je ne serais plus là, tu y repenseras, et ce souvenir sera d'une certaine douceur, parce que nous avons partagé cet instant. Si je tombais à l'eau, tu ne te jetterais pas pour me sauver, ce serait une bêtise. Ce que tu ferais, c'est me tendre la main pour m'aider à remonter à bord, et si tu échouais et que je me noyais, tu aurais l'esprit en paix. Tu aurais pris la bonne décision de ne pas risquer de mourir inutilement, mais tu aurais tout tenté pour me sauver. »

Marc Levy.

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Londres. 8 Mars 1952.

« S'il-te-plaît, prends bien soin de Samuel. Je quitte aujourd'hui un monde qui ne m'appartient plus vraiment, où je n'ai plus entièrement ma place. Je sais qu'un endroit plus doux m'attend, qu'il est temps pour moi d'arrêter de souffrir. Je sais que tu es assez grande pour comprendre, je sais que tant de choses t'attendent, trop de choses pour que tu pleures mon départ. N'oublies jamais que je t'aime, que je n'ai jamais cessé de t'aimer et, où que je sois, mon amour pour toi n'aura jamais de fin. Il vient du plus profond de mon âme, et celle-ci est pure. Samuel va grandir, apprends-lui la vie, je suis sûre qu'il sera heureux, mais il faut que tu sois là. Dis-lui simplement que sa mère l'aimait, qu'elle ne regrettait pas de mourir. Dis-lui qu'il ne doit jamais pleurer mon absence, car à chaque moment où il sera dans l'incertitude je serai là, à chaque seconde, à chaque battement de son cœur, je serai là. Pour lui. Pour toi. Toujours. Je vous aime tendrement, vivez heureux. Prenez soin de vous. Je ne vous oublierai jamais. Maman. »

# Personne ne sut jamais à qui cette lettre était destinée, ni de qui elle provenait. Elle fut retrouvée avec les centaines de milliers d'autres, qui volèrent un matin de Juin dans les rues des Londres. Ces phrases furent lues par tous les Anglais, commentées par tous les journaux. On en retrouvait au coin de chaque rue, à l'angle de chaque avenue, dans les stations de métro, sur les pare-brise des voitures, aux portes des églises. Elles se posaient partout, comme si elles étaient le symbole de quelque chose. Comme si le passé ressurgissait. Comme ça, d'un seul coup, brusquement.

# La vie à Londres prenait une autre tournure. Les gens faisait la fête, les rues étaient plus passantes la nuit que le jour, on croisait une vingtaine d'amoureux en une après-midi. Les journaux se mirent à écrire tous les mois des articles sur les lettres retrouvées, et sur le comportement qu'elles engendraient. C'était comme si quelqu'un avait jeté un sort sur la Capitale depuis la découverte de ces rédactions. Comme si tout le monde s'aimait. Comme s'il avait arrêté de pleuvoir. Comme si la Misère du Monde n'atteignait plus la ville. Les sans-abris étaient riches. Les riches encore plus riches. Digne d'un film d'amour, Londres était devenue comme la Capitale du bonheur.

Mais que cela cache-t-il réellement ?