Take my time today. {R}

J'aimerai que le temps s'arrête lorsqu'on se parle
et qu'apparaisse en plein jour dans le ciel, un milliard d'étoile
pour que je fasse un Vœu, sans que mon soleil se voile
et qu'on puisse être a nouveau, deux sans se faire ce mal.
Zaho.

Take my time today. {R} Mistywrites-ebebc7

Un grand boum. Ne vous inquiéter pas, personne ne s’est fait mal. C’est juste une jolie blondinette qui venait de déposer un grand et lourd annuaire de la ville de Londres. En effet, Esraël cherchait une amie avec qui elle a avait fait connaissance, il n’y a pas longtemps. Comme elle s’ennuyait, elle voulait voir si elle y figurer. Cette amie s’appelait Erin Dawin. Avec un petit soupir, après une bonne dizaine de secondes de feuilletages, elle tomba sur la lettre W. Elle laissa parcourir son doigt et de gros yeux apparurent sur son visage. Elle venait de tomber sur DAWLISH. Oui, ce nom n’était pas du tout inconnu pour notre jeune femme. Tout simplement et pour la bonne raison que c’est le nom de son premier amour qu’elle aimait toujours. Des petites palpitations dans son corps se faisaient ressentir, comme si des papillonnements s’étaient emparés de son corps. Son doigt caressa le papier fin et elle observa attentivement l’emplacement de la rue. Il y avait même son numéro de téléphone. Elle aurait pu l’appeler mais elle préférait le voir en personne. Pour voir, si il était heureux sans elle, il devait sûrement être fiancée ou avoir une petite amie. Cela n’étonnait guère Esraël. La jeune blonde sortit donc de chez elle en ayant pris soin de marquer sur son post-it l’adresse de Warden. Comment se passeront les retrouvailles ? Est-ce que..est-ce qu’il se souviendra encore d’elle ? La jeune femme secoua la tête et regarda la couleur du ciel qui était d’un bleu éclatant. La rue était proche de chez elle, donc en environ dix minutes, elle arriva à bonne destination.

Ses doigts tremblaient légèrement, elle ne saurait pas quoi dire lorsqu’elle serait devant lui. Tant elle serait déstabilisée par lui. Aller, il fallait être neutre, et se calmer. Tout ira bien, du moins c’est ce qu’elle pensait. Elle avança vers la porte, son doigt hésita avant de presser la sonnette, puis elle y alla franco. Elle leva les yeux aux ciels et trépigna sur elle-même. Un sourire allait naître sur ces lèvres lorsque la porte s’ouvrit. Sauf qu’elle ne trouva pas un beau brun ténébreux qu’elle aimait comme une folle mais bel et bien une jolie brune et bien foutue, un peu le genre de Warden. Je me triturais les doigts. Elle la regardait dans les yeux.

Hum oui c’est pourquoi ?

Merde, il va falloir qu’elle dise qui elle est.

Euh..et bien je voulais savoir si Warden était là..

La jeune femme se sentait rougir.

C’est la part de qui ?

ARGH.

Euh et bien dites lui juste qu’Esraël est passée.

La jeune femme se retourna et elle vit sûrement Warden.

Attendez, il est là.

Esraël allait paniquer. Elle devait sûrement être sa petite amie.

Oh non, je ne voulais surtout pas vous déranger.

Esraël murmura un léger aurevoir et tourna le dos à la brunette. Elle marchait à grand pas et elle sentait les larmes lui venir aux yeux.

Alors voilà, il l’avait définitivement oublié. Esraël se surprit à rire légèrement lorsqu’elle pensa qu’elle était vraiment naïve de croire qu’il ne l’avait pas oublié. La jeune femme ne voulait pas s’immiscer dans sa vie, surtout si il était en couple. La jeune blondinette commença à marcher vite puis elle ralentissait, elle venait juste de quitter le perron de la maison de Warden. Voilà son cœur était en miette, remarquer il ne faisait que lui rendre la monnaie de sa pièce. Elle l’avait bien fait souffrir de son côté. Ah triste sort. C’est alors qu’elle sentit une pression contre son bras, comme si on voulait l’arrêter. Elle haleta légèrement et s’arrêta toujours dos à son futur interlocuteur.

Pour Warden, la journée avait plutôt bien commencé. Les rayons du soleil pénétrant malgré les rideaux qui encadraient les fenêtres dans la chambre du jeune homme avaient fini par le réveiller aux alentours de dix heures du matin. Bien que la nuit avait été courte, principalement à cause d'Ekaterina qui n'avait cessé de régurgiter tout son repas de la veille et de geindre que sa vie était finie à tout point de vue, il était en pleine forme. A vrai dire, il avait du dormir en tout et pour tout cinq heures mais la fatigue ne s'était pas encore faite sentir à sa plus grande satisfaction. Il avait donc pu profiter pleinement des heures de libre qui s'offraient à lui pour vaquer à ses occupations qu'il avait eu tendance à lésiner ces derniers temps. Lorsqu'il s'arrêtait un instant pour y songer, Warden se rendait compte qu'il n'avait plus le temps de réellement profiter de la vie et d'être heureux à la perspective d'un jour nouveau qui s'annonçait. Lui qui avait toujours été quelqu'un d'optimiste et qui transmettait une joie de vivre inégalée jusqu'alors à quiconque croisait son regard avait perdu de sa fougue et n'était en vérité plus que l'ombre de lui-même. Certes, il avait connu bien pire mais il avait aussi connu beaucoup mieux. Chaque journée qu'il passait de plus sur Terre était ordinaire. Rien ne lui arrivait, rien ne se passait. Et c'était toujours la même boucle qui se répétait continuellement. Sa vie se résumait désormais à dormir, manger, travailler, réconforter Ekaterina et dormir. Ce n'était guère un programme intéressant et il ne lui suffisait d'ailleurs plus bien qu'il s'en était contenté pendant des mois. Il ne se reconnaissait plus. En apparence, il n'avait pas changé mais son coeur ne mentait pas. Il était terni par la rancoeur, par l'amertume. La raison de ce changement était simple et Warden avait pris conscience de celle-ci il y avait bien longtemps déjà mais n'était pas prêt à l'avouer à tous. Une seule personne était responsable. Son nom : Esraël. Esraël Waldon. Malgré les années qui avaient passées, Warden ne s'était pas remis du départ de la jeune femme. Ils avaient été si proches, si unis. Il se demandait toujours comment avait-elle pu le quitter comme cela, sans aucune explication. Il ne l'avait jamais considéré autrement que comme une amie, proche et en qui il pourrait toujours avoir confiance parce qu'elle resterait à ses côtés. Puis, grandissant tout deux, les sentiments amoureux qu'ils ressentaient l'un envers l'autre s'étaient développés. Une belle idylle avait débuté mais comme chacun sait, toutes les bonnes choses ont une fin. Et cette personne essentielle à son bonheur, à sa vie, l'avait quittée, comme elle était entrée dans sa vie. Sans aucun adieu, ni au revoir. Aucune lettre. Juste rien.

Il n'avait cessé de penser à elle, de regarder les photos où ils étaient ensemble, heureux. Il n'avait cessé de l'aimer. Pas un seul jour ne se passait sans que son coeur soit ailleurs, avec elle. Au fil du temps, il avait néanmoins pris conscience qu'il devait tourner la page même si son coeur s'en retrouverait mis en pièces. Alors, il avait tenté de l'oublier mais il était évident pour tous qu'il n'y était pas parvenu. Il avait eu beau lutter ; rien n'y faisait. Il essaya de s'intéresser à d'autres filles, de penser à une autre. De retomber amoureux. En somme, de faire comme il pensait qu'elle avait fait : l'oublier. Pourtant, Dieu seul savait à quel point la vérité était tout autre. Warden était loin, très loin, de penser que son amour, son seul et véritable amour, logeait dans un appartement à seulement quelques minutes de lui et qu'elle comptait lui rendre une visite qui allait tout changer...

Assis inconfortablement devant la télévision entre Ekaterina et un paquet de pop-corn et une tablette de chocolat, s'abrutissant devant l'un des programmes que diffusait une chaîne, le jeune Dawlish songeait à ce qu'il allait faire de sa journée. Sortir ? Rester dans l'appartement ? Il n'en savait trop rien. A vrai dire, à cet instant précis, Warden était persuadé qu'une tuile allait lui tomber dessus et il n'était donc de par cette raison nullement prêt à aller mettre le nez dehors. Alors qu'Ekaterina s'empara une nouvelle fois de la télécomande pour changer de programme, Warden alla dans sa chambre. Il s'allongea sur son lit, ferma les yeux et tenta non sans mal de vider son esprit de toutes les pensées dont il était assiégé. Le son de la télévision lui parvenait depuis sa chambre et à en juger par les bruits qu'il percevait, soit Ekaterina regardait un clip d'une nouvelle chanteuse à la mode dont il se fichait éperdument, soit elle regardait un film pornographique. Jugeant que l'un comme l'autre était possible de la part de sa meilleure amie, il se leva et sortit son visage de l'encadrement de la porte.

« Il ne faudra pas t'étonner plus tard si ton bébé devient un obsédé sexuel. »

L'expression d'incompréhension qu'affichait Ekaterina lui fit comprendre qu'il n'y était pas du tout et il tourna la tête pour s'apercevoir que sa première idée, plus plausible que la seconde de toute évidence, se trouvait à l'écran. La sonnette de la porte d'entrée interrompit la scène d'un bruit des plus désagréables. Ne souhaitant guère recevoir la visite de qui que ce soit, Warden retourna dans sa chambre et enfouit sa tête sous son oreiller. Ce fut alors qu'il l'entendit. Cette voix n'aurait pas du lui sembler familière et pourtant, il avait l'impression d'entendre un ange lui chanter une berceuse. La gêne puis la déception qui se succédèrent et se firent entendre tour à tour. Il était impossible que ce fut-ce elle. Il connaissait les moindres trémolos de cette voix, les aigus qu'elle prenait lorsqu'elle était triste. Comment cela pouvait-il être possible ? Elle. Son unique.

« Esraël. »

Sans même réfléchir, Warden courut vers la porte qu'il poussa d'une telle force qu'elle aurait pu céder si elle n'avait pas été solidement accrochée. Il se dirigea vers Ekaterina et la prit par les épaules.

« C'était elle ! C'était elle, hein ? »

Ses yeux passaient de sa meilleure amie face à elle à la porte où elle s'était trouvée quelques secondes plus tôt. Il n'attendit pas la réponse de son amie et dévala quatre à quatre les marches des escaliers. Il fallait qu'il la rattrape. Il fallait qu'il sache pourquoi elle était là, pourquoi elle était venue. Arrivant en bas de l'immeuble, le souffle court, il jeta à un oeil à gauche et à droite et la vit. C'était elle. Il en était certain. Elle marchait d'un pas pressé et Warden sut rien qu'à sa démarche qu'elle était au bord des larmes. Il reprit sa course effrénée et parvint non sans mal à la rattraper. Il la contourna et se posta devant elle.

« Esraël... »

Il ne savait pas quoi dire d'autre et n'en avait pas besoin. Cela suffisait. Cela avait toujours suffi. En quelques secondes, toute la peine, la haine, la rancoeur qu'il avait ressenties lorsqu'elle l'avait quitté s'étaient évaporées. Ils étaient réunis et c'était cela l'essentiel. Tout irait bien désormais.

La jeune femme ne savait plus trop quoi faire. Elle semblait dévastée par ce qu’elle venait de voir. D’ailleurs elle avait vu quoi ? Juste une jeune femme dans l’habitat de Warden. Est-ce que cela veut automatiquement dire qu’ils sont ensembles ? Esraël chassa aussitôt ses idées de sa tête. Elle ne voulait pas croire que c’était vraiment fini, d’ailleurs c’était elle qui avait commencés les « hostilités » en partant sans lui adresser un au revoir. Elle passa une main dans ses cheveux, son chouchou s’était barré. Elle avait les yeux fixés à terre et elle vit des pieds se mettrent devant elle. Elle releva légèrement la tête lorsqu’une voix, tout droit sortie de son paradis lui adressa la parole. Cette voix qui lui mettait le baume au cœur, qui la mettait sans dessus dessous, elle avait le don de l’apaiser. Ses yeux bleutés croisèrent ceux de l’être qu’elle chérissait, se noyant dans l’étendue profonde de ses iris marron. Elle lui adressa un petit sourire en coin. Elle passa une main sur son front et continuait de le regarder. Il n’avait pas vraiment changé au fil de ses années, devenant même plus beau. Tous ces souvenirs alors revenaient comme une gifle sur son visage. Tous ces moments de bonheur que son cœur avait marqués à l’encre rouge, la saveur de ses baisers, de ses câlins, la puissance de ses mots.

Esraël restait là figée sur place, presque croyant qu’il n’était qu’un mirage. Quel bonheur pour son cœur de le voir en chair et en os. La jeune blonde se sentait mal, c’était bien la première fois qu’elle pleurait depuis son arrivée, elle avait tout gardée de lui, jusqu'à son odeur.Les photos étaient accrochées sur son frigo lui rappelant au combien elle l’avait fait souffrir. Elle se sentait comme un monstre à l’intérieur de son corps. Elle s’était souvent blâmée, s’enfermant dans sa chambre pendant des jours et pleurant son absence. Elle savait qu’il la réclamait mais malheureusement des milliers de kilomètres les séparaient. Elle avait détestée ses parents, les Etats-Unis, tout. Elle était peut-être vraiment prête à se donner la mort avec l’une des lames du rasoir de son père, mais sa mère l’en avait empêchée.Il restait cependant une petite trace sur son poignet gauche, une entaille qui n’est jamais partie. Elle serait les poings, se maudissant de ne pas parler.

Elle aurait voulue le serrer dans ses bras à se moment même mais elle ne savait pas comment il allait réagir, il allait sûrement la rejetée.Elle prit une grande respiration et expira profondément. Elle sécha les larmes de ses joues un peu rosies, puis elle fixa Warden. « Warden..je..suis désolée. Je ne voulais pas te dérangé, je ne savais pas que tu étais en couple.. » un léger rire sortit de sa bouche. « d’ailleurs la seule chose que j’ai pu te faire c’est de te faire souffrir, alors tu mérites bien mieux que moi. » Elle luttait contre ses larmes. « Je..j’aurais tant voulue te dire au revoir, te dire que je t’aimais, mais..je n’ai pas pu. Oui je sais, je suis lâche, mais je voulais t’épargner une plus grande souffrance que celle que tu ressens en ce moment. » Une larme perla sur sa joue. « je suis même allée presque à me donner la mort tellement que j'étais follement amoureuse de toi. Seulement mes parents ne comprenaient pas ce que je ressentais, tu étais ma vie.. » Elle baissa légèrement les yeux à terre et caressa légèrement son poignet où il y avait sa blessure. « Maintenant tu peux m’oublier si tu le veux, mais je voulais absolument tout t’avouer.. » Elle fixa le jeune homme « si tu savais oh combien je me hais pour t’avoir fait cela. »

La jeune femme secoua la tête négativement et enfouis son visage dans ses mains mouillées par les larmes. Voilà maintenant tout étais dit, il pouvait la blâmer autant qu’il le voulait. Elle ne savait pas du tout ce qu’il pensait, si il l’aimait toujours. Cette pensée pouvait bien être égoïste, mais ne reste-il plus d’espoir pour qu’elle soit encore aimée un jour par lui ?

Une illusion. Un mirage. Un rêve éveillé. Warden ne savait pas réellement quelle expression pouvait le mieux convenir au moment qu'il était en train de vivre, à cet instant dont il espérait ne jamais voir la fin. C'était si intense, si déroutant, si incroyable et pourtant, si vrai. Si bon. Il s'était tant de fois imaginé cette scène que la réalité lui semblait être irréelle. Et pourtant, tellement meilleure. Elle était là, devant lui. Son visage d'ange n'avait pas changé. Elle était restée la même malgré les années qui avaient passées, et les avaient par la même occasion séparés. Warden avait l'impression de revivre le jour, inoubliable, indélébile de sa mémoire, où il avait fait sa connaissance. C'était comme s'il la redécouvrait. Il pouvait à présent étudier les moindres traits de son visage, dans les plus précis détails. Il se l'était imaginée. Il avait espéré durant tout ce temps que son visage resterait gravé dans son esprit, qu'il puisse garder une image d'elle pour en quelque sorte la rendre réelle, pour pouvoir continuer de croire que toute leur histoire n'avait pas été qu'un rêve qui s'était mal terminé et n'avait pas connu sa fin heureuse. Et voilà, qu'après plusieurs années passées à tenter de l'oublier, de passer à autre chose , son rêve le plus ancien, et pourtant, le plus vif de tous, se voyait transformer en réalité. Il avait envie de la prendre dans ses bras et de l'y serrer pour ne plus jamais la relâcher, pour qu'elle reste sienne. Il voulait tant l'embrasser, faire revivre ces lèvres qui n'avaient plus connues la passion ni la fougue depuis qu'elle l'avait quitté. Il voulait lui crier son amour, lui dire qu'elle était l'unique femme de sa vie, qu'il n'avait cessé de penser à elle et de l'aimer. Mais il en était incapable. Son corps était victime d'un mutisme dont il n'arrivait pas à saisir la cause. Il lui était incapable de produire le moindre son ni d'effectuer le moindre geste. L'émotion était bien trop grande pour qu'il puisse faire quoi que ce soit. Il avait si peur de fermer les yeux dans un rapide battement de cils et de s'apercevoir en les rouvrant qu'elle n'était plus, qu'il avait rêvé. Que tout était bel et bien terminé...

Pourquoi était-elle ici ? Comment l'avait-elle retrouvée ? Avaient-ils une chance, un avenir ? L'aimait-elle toujours ? Tant de questions se bousculaient dans son esprit sans qu'il n'y puisse trouver la moindre réponse. Il reprit donc l'inspection qu'il avait entrepris quelques secondes plus tôt, avant qu'il ne soit transcendé par l'émotion et ne parvint pas cette fois-ci à détacher son regard de l'ange qui n'avait cessé d'émerveiller sa vie, ses nuits et son esprit. Son habituel sourire, du moins celui qu'il avait gardé en mémoire, était à des années lumières de son visage et à vrai dire, Warden comprit de suite qu'elle était aussi désemparée que lui. Il la connaissait par coeur. Ses moindres mimiques, ses réactions imprévisibles pour la plupart des gens, ses sautes d'humeur aussi répétitives que courtes, il avait toujours été la seule personne à les connaître et à pouvoir les contrôler. Le regard fuyant, il était clair qu'elle ne savait que penser de la situation et se demandait clairement ce qu'elle faisait ici. S'étant toujours complétés et compris, Warden fut emprunt de la même sensation, des mêmes questions et incertitudes. Ils n'avaient jamais su comment mais ils étaient liés. L'un commençait une phrase, l'autre la finissait. L'un disait quelque chose, l'autre approuvait. Cela avait toujours été ainsi entre eux. Mais cette fois, tout fut différent. Il aperçut sans réellement les voir, ni les comprendre les larmes qui commençaient à perler des yeux de sa belle – du moins, c'était ce qu'il espérait de tout coeur qu'elle redevienne et ce, le plus rapidement possible. Il avait l'esprit ailleurs et ne savait que lui dire, ni que penser mais les larmes d'Esraël agirent sur lui comme un électrochoc l'aurait fait.

« Ne pleure pas, s'il te plait. Je ne peux le supporter. »

C'était la vérité. La voir souffrir par sa faute était le pire châtiment, la pire punition qu'on pouvait lui infliger. C'était comme si une partie de son coeur brûlait alors même qu'il était conscient. Il se consumait et se réduisait de secondes en secondes pour finir en poussières. Comme s'il revivait les instants qu'il avait vécus après son si soudain et inexplicable départ. Il avait cru mourir car sans elle, son existence même était remise en question. A quoi servait-il si elle n'était plus à ses côtés ? Que ferait-il sans elle ? Il avait cru pendant longtemps qu'en finir aurait été la meilleure des solutions, à tout point de vue. Néanmoins, il n'en avait évidemment parler à personne. Il y avait songé le soir, la tête posée sur son oreiller, son corps sous les draps, conversant avec ses pensées et le noir de la nuit qui les rendaient d'autant plus macabres. Mais au bout d'un long moment et après de dures journées qui ne s'achevaient pas, le sommeil ne venant pas, il avait finalement changé totalement d'optique. A quoi cela aurait-il rimé s'il en arrivait à de telles fins ? Ce n'était pas dans sa nature. Il n'était pas comme cela. Il était Warden Dawlish, un jeune homme qui ne se laissait pas abattre ou du moins, tentait de ne pas le devenir après que la personne qu'il pensait être l'amour de sa vie ne finisse par le quitter. Il fallait qu'il reprenne goût à la vie et peut-être, en dépit de tout, reviendrait-elle. Le temps était la clé alors il attendit. Il avait attendu pendant quatre longues années qui au moment où elle avait sonné chez lui avaient pris fin alors qu'il ne pensait même plus cela possible.

Il l'entendit prononcer tant de fausses paroles qu'elle pensait néanmoins véridiques. Il ne put l'arrêter tant le flot de paroles qu'elle déversait semblait ne pas avoir de fin. Warden ne dit donc rien mais n'en pensa pas moins. Il n'en revenait pas. Son visage devint ainsi aussi impénétrable que la roche pour finalement se fendre en un sourire, faisant luire au soleil ses dents blanches. C'était irréel. Elle l'aimait. Elle ne l'avait pas oublié. Il avait donc toujours une place dans son coeur et à en croire ses paroles, il occupait et l'avait toujours fait la plus importante. Croyant qu'il s'agissait d'un rêve, il ferma les yeux, croisant les doigts pour que lorsqu'il les rouvrirait, elle serait toujours devant lui. Elle le fut. Elle était là. Ses yeux rougis par les larmes, sa bouche tremblotante mais plus belle que jamais. Il ne put résister. Ses mains s'approchèrent de son visage pour finalement se poser derrière sa nuque. Et comme il avait rêvé de le faire durant tout ce temps, il déposa ces lèvres sur les siennes et ne put les en détacher. Ils restèrent ainsi plusieurs secondes, ne faisant à nouveau plus qu'un. Elle avait toujours exercé sur lui une attraction dont il n'avait jamais saisi l'ampleur. Néanmoins, aujourd'hui, après tant d'années, elle redevenait celle qu'il avait toujours véritablement aimée. La seule capable de transpercer son coeur comme une lame, de l'incendier avec ses yeux et de consumer sa bouche avec un seul baiser passionné...

Réticent à cette idée, Warden s'exécuta néanmoins et réussit non sans mal à mettre fin à ce baiser dont il garderait toujours un souvenir indélébile. Il était celui des retrouvailles. Warden n'espérait qu'une chose : que leur histoire recommence mais que la fin n'en soit que mille fois plus heureuse. Le visage toujours collé au sien, leurs nez se touchant presque, le jeune homme ne put se retenir de lui avouer tout ce qu'il avait voulu lui dire depuis qu'elle était partie.

« Esraël Waldon, tu es mon unique. Mon éternelle. Toi seule m'a toujours compris. Mon coeur n'a cessé de battre pour toi depuis que mes yeux ont croisé les tiens. Ne me quitte plus. Je t'en prie. Je ne le supporterais pas. Je te veux. Je te veux, toi. Je te prends avec tes qualités comme tes défauts. Je te prends avec ton exécrable caractère comme avec ton optimisme inébranlable. Je ne t'ai pas oublié. J'ai cru mourir lorsque tu es parti alors je ne te demande qu'une chose : reste près de moi. Toujours. Je ne peux vivre sans toi. Je t'aime beaucoup trop pour cela... »