Suddenly I See • R.

© SYLVERY_SKY, NETHERFIELD_X

Huit heures et trente-six minutes. Postée devant la porte de son appartement, elle cherchait tant bien que mal ses foutues clés dans son sac. Leeloo avait une mine qu'on pourrait qualifier de macabre. Cheveux en bataille. De grands traits se dessinaient sous ses yeux à la longueur des secondes. Et un mal de tête à se la taper contre un mur, pour couronner le tout. Une soirée inoubliable, il n'y avait aucun doute là-dessus. Mais le retour en était tout autant. Les douze derniers verres ne l'avait sûrement pas réussi, et elle le savait bien. Mais quand vous êtes dans votre lancé, comment vous arrêtez. A l'avenir elle trouvera une quelconque astuce, pour s'arrêter à temps. Car une, mais pas deux fois, se retrouvera t'elle encore dans un tel état. Aussi dépravée qu'elle était à cet instant. Elle finit par retourner son sac, de sorte qu'il se vide. Technique qui porta ses fruits, elle mit, enfin, la main sur ses maudites clés. S'accroupissant aussi bien qu'elle le pouvait, dans sa robe extrêmement serrée et ses talons dont la hauteur lui paraissait aussi haute que la sienne, d'un geste nonchalant elle récupéra toutes ses affaires. Après plusieurs tentative, glissa ses clés dans la serrure, et pu refermer finalement la porte de l'appartement après qu'elle soit rentrée, avec le plus grand soulagement qui lui soit donnée. Se précipitant dans sa chambre, refermant avec une amabilité certaine sa porte, elle se jeta à corps et âme, bras ouvert sur son lit si accueillant. Tête enfouie dans les vagues que formaient la couette, elle fut très vite rappeler à la réalité par une odeur imposante qui venait lui chatouiller le nez. Que dis-je, qui venait agresser son odorat, qui était déjà dans un sale état. Ouvrant lentement une paupière, elle remarqua un objet intrus sous son nez. Regard écarquillé, elle s'ajusta promptement sur ses coudes et fixa ce bout de tissu. Un vulgaire string noir. En dentelle qui plus est. Et sûrement pas provenant de sa garde robe. Trop classe pour porter une chose aussi laide. La fameuse question du pourquoi du comment était-il arrivé ici n'eut même pas le temps de faire le tour de son esprit. Un regard noir se mina sur le visage angélique de Leeloo tout en attrapant cette horreur qui profanait ses lieux du bout d'une pince. D'un pas déterminé et lourd, elle se dirigea vers la chambre de toutes les horreurs qui étaient donnés de voir dans ce monde. Sans aucun ménagement, elle ouvrit la porte qui claqua contre le mur, fit un pas dans la chambre, se posta devant Ceallagh qui était ensevelit sous ses draps.

« Qu'est ce que tu comprends pas dans "Ne rentre pas dans ma chambre" ABRUTI. Tes obscénités tu les fais autre part que dans mon espace intime ! » s'écria t'elle tout en balançant le fameux sous-vêtement à l'origine de cette fureur.

- Entendre ta douce voix au réveil est toujours un plaisir, Leeloo.

Phrase censée être prise pour de la pure ironie et agacer un peu plus sa colocataire, mais qui pourtant n'était que vérité. Ceallagh se réveilla en sursaut, surpris, mais un sourire se dessina rapidement sur son visage. Il savait ce que signifiait ce brusque claquement de porte. Leeloo avait trouvé son cadeau et allait l'assassiner. Ce jeu bien que malsain et parfois difficile à vivre lorsqu'il ne dominait pas la situation l'amusait quand il réussissait à la pousser à bout et à la rendre énervée au plus haut point. Même à huit heures du mat' passée. C'était un record, la journée n'avait même pas commencé et il gagnait déjà. Et pour gagner, toutes les ruses et coups bas étaient autorisés. Ceallagh avait longtemps pensé à ramener une de ses conquêtes dans la chambre de sa colocataire pour la faire rager et peut-être au fond de lui espérer la rendre jalouse. Leeloo avait réussi à le rendre immature au possible à cause d'une seule nuit et à le faire agir comme un enfoiré. Son emprise sur lui était évidente mais il était hors de question de l'admettre. Il aimait l'embêter, voilà tout. Il gardait un certain respect pour elle et jamais il n'aurait osé baiser dans son lit, même si l'idée lui avait traversé l'esprit. Mais comme c'était le moyen idéal pour continuer leur conflit de façon magistral, Ceallagh avait récupéré le string qui traînait à côté de son lit à lui. Sa conquête de la veille avait du s'enfuir lorsque son officiel petit ami avait téléphoné pour lui dire qu'il savait tout, ou quelque chose comme ça. Elle était partie en trombe, un sein en dehors de son soutien-gorge, persuadée de réussir à convaincre le-dit petit ami en oubliant pourtant de remettre son bout de tissus qui ne cachait rien. Pas très futée. Embêté par une soirée qui finissait si mal, et surtout parce que Leeloo n'aurait pas la joie de prendre le petit déjeuner avec lui et sa partenaire de la nuit, Ceallagh eut l'idée brillante de tout de même laissé ce string sur le lit de sa colocataire, après avoir volontairement défait tout son lit et jeté un oreiller à l'opposé de la pièce. D'accord, c'était vilain et franchement puéril, mais au moins, ça avait marché puisque les hostilités commençaient déjà très fort. Ceallagh, un sourire de satisfaction collé aux lèvres, retira le string qui venait d'attirer sur son visage d'un geste lent.

- Merci, elle le cherchait.

Ceallagh se redressa le torse nu et s'étira d'un geste nonchalant calculé pour faire perdre le peu de patience qu'il restait à Leeloo. La tête endormie, il la dévisagea un instant, sans se débarrasser de son sourire. Elle était énervée, franchement dans un sale état, et c'était sincèrement agréable. Au moins il était loin de lui être indifférent. Sa soirée avait dû être mouvementée et pendant un instant son visage se crispa alors qu'il imaginait déjà ce qu'elle avait pu faire. Mais ce n'était pas le moment de perdre le contrôle.

- Ok, t'énerve pas. On pensait juste que ce serait excitant de le faire ailleurs et Leah adore les draps de satin. En tout cas ça l'était. Mais si ça peut te rassurer, on a vite migré vers la table de la cuisine. Ceallagh prit un air rêveur un instant et son sourire s'intensifia, comme s'il se remémorait cette partie de jambes en l'air inexistante. Pas super confortable, d'ailleurs. Pour me faire pardonner j'ai tout nettoyé et rangé après. C'est bon t'es calmée ? On a évité ton fauteuil fétiche.

L'ironie, toujours cette maudite ironie qui trônait sur son visage si détestable, mais à la fois si attirant. Quoi qu'elle revenait rapidement à la réalité, quand il affichait ce sourire satisfait et sarcastique. Rien que l'idée de s'imaginer lui, cet abruti, et une inconnue, plus que crédule, qui avaient batifolé dans son lit, l'écoeurait au plus haut point. Certes, il serait plus dur pour la jeune femme d'avouer, que ce soit plus pour le fait qu'il est ramener encore une fille - Leeloo a fini de les compter le beau jour où cela est monté à plus quatre-vingt-dix neuf-. Il est plus simple de lui balancer qu'il est un sale obsédé compulsif et qu'il devrait aller se faire soigner. Beaucoup plus mélodieux à son goût. Et après tout on parle de sa chambre. SA chambre. Son territoire. Son intimité. L'endroit de ce fameux soir. Fameux soir, qui se salissait à la longueur de leurs jeux malsains. Nuit que la jeune femme prétextait comme grosse erreur. Moment d'égarement. Mais elle n'en pensait pas tant que ce qu'elle pouvait le faire croire. Cependant elle avait ce besoin inconsidérable que de chercher à le mettre à bout, à le voir à bout de nerf. Des moments de jubilations. Oui, Leeloo était loin, bien loin, d'être ce genre de femme qui croit au prince charmant. Foutaise. Les hommes sont tous les mêmes. Du moins, ils ont tous le même fonctionnement. Ils vous promettent la lune, puis quand ils trouvent meilleur lapin, ils vous foutent à la porte. Le même instinct qui se base sur le sexe. C'est bien en connaissance de cause que Leeloo est devenue ainsi. Après avoir eut une relation des plus tumultueuse, elle s'est abandonnée à la vie des hommes; ni attache, ni sentiment. Rien. Le simple plaisir charnel.

« Tu sais quoi ? Va te faire foutre ! » s'emporta t'elle à nouveau, tout en le fixant d'un regard noir. « Quoi qu'après tout j'ai un brin de compassion pour toi. Oui c'est vrai qui voudrait de toi dans de tel lieu. » annonça t'elle tout en jetant un coup d'oeil à sa chambre avec un air qui se voulait de dégoût. « Qui voudrait de toi tout court. »

Qui lui sorte qu'elle avait bien partagé une nuit avec lui, et il se recevrait son talon aiguille en pleine face. D'un côté elle lui avait balancé ceci sous l'impulsion. Car elle ne se faisait pas d'illusion sur le côté séducteur du jeune homme. Si il avait réussi à la séduire et à l'envoûter autant, les autres femmes en devraient être tout autant. Ce qui avait tendance à l'énerver plus qu'elle ne le devrait. C'est vrai, elle était censée le haïr, le maudire, ... pourtant elle le désirait un peu plus chaque jour. Ce désir devait cesser. Et bien des manières et techniques avaient été mise en place, mais pas une n'avait eut le simple fait d'atténuer ce désir ardent. La panoplie d'hommes qu'elle ramenait chez eux, était sûrement plus pour le fait de le faire réagir, le rendre jaloux, que de se trouver un nouveau jouet et que d'oublier une fois pour toute son visage. Ses traits. Son odeur. Tout ce qui pouvait l'envoûter chez lui.

« Je te promet que cet affront aura des conséquences. » dit elle d'un ton qui se voulait menaçant, mais finalement pas tant que cela. « Et que je te reprenne dans ma chambre et je te fou à la porte! Comme si je venais batifoler dans tes draps avec mes beaux étalons ! Rien que de le dire ça me dégoûte. D'ailleurs je t'interdis de ramener des filles maintenant ! »

Oui, oui, elle en avait tout les droits. Enfin, pas réellement. Mais ça lui ferait des vacances. Et ça lui permettrait surtout de ne pas voir toutes ses pimbêches chaque matin. Même elle, elle ne ramenait pas autant d'homme. A se demander où il les trouvait.

C'était réellement excitant. Voir Leeloo s'énerver de la sorte le faisait à la fois jubiler et lui donner envie de la faire taire en l'allongeant près de lui. Ceallagh devait reconnaître le côté frustrant de la situation puisqu'il lui était impossible de satisfaire cette pulsion par fierté, entre autre, mais ça ne faisait que rendre le désir de la posséder à nouveau plus ardent. La situation ne se reproduirait peut-être jamais. En tout cas, il n'en avait pas envie. Enfin, si. Mais il ne voulait pas, parce que dans un sens, s'ils recommençaient, ce serait admettre qu'il y avait plus que ça. Que ce n'était pas qu'un simple dérapage, et qu'il l'avait voulue pendant plusieurs semaines. Hors de question. Même s'il réussissait la plupart du temps à feindre son nouveau rôle de salaud avec elle, cette réplique eut l'effet de rendre son regard moins espiègle durant un instant. La dégoûter était certes en partie le but rechercher, mais elle réussissait à le blesser. Juste un instant. Ceallagh reprit ses esprits et répondit à sa question le plus naturellement du monde, en récupérant son insupportable sourire.

- Pose la question à n'importe laquelle de tes copines et on en reparlera. Et, sans vouloir t'offenser, t'es assez mal placée pour demander qui voudrait de moi. Inutile que je développe, je suppose.

Son sourire s'élargit, certain de reprendre le jeu correctement et d'énerver Leeloo qui semblait en plus avoir la gueule de bois. Lui avait passé une nuit correcte et commencer la journée ainsi était plutôt bon, même s'il aurait peut-être aimé l'approcher de lui et sentir sa tête contre son torse plutôt que de participer une nouvelle fois à une querelle qui les éloignerait encore un peu. Il adorait son air dédaigneux et ses répliques cinglantes. Elle avait à peu près tout ce qui lui plaisait. Et pourtant il était hors de question qu'il mette sa fierté de côté pour se perdre dans une relation qui finirait mal, comme toutes les autres. Il préférait être un connard pas courageux plutôt que de paraître faible. Et tant pis si ça impliquait une trop forte ambiguïté dans ses sentiments et une torture incessante lorsqu'il rêvait d'enlacer cette peste et de goûter à nouveau à ses lèvres. Parfois, il espérait qu'ils pourraient tous les deux être ensemble, comme un couple, et au fond chacune de ses attaques étaient choisies pour voir les réactions qu'auraient Leeloo. Juste pour voir si elle ressentait la même chose, ou non. Mais vu le dégoût avec lequel elle s'adressait à lui, il en doutait assez souvent. Il ne put se retenir de pouffer de rire aux menaces et ordres de Leeloo.

- Pardon ? T'as pas d'ordre à me donner. Si t'es pas contente, tu t'en vas, je te retiens pas. Cet endroit t'appartient pas plus qu'à moi, je te rappelle. Je t'interdis pas de ramener tes bouffons. Mais si tu tiens vraiment à cette interdiction, elle devra être réciproque et tu devras te contenter de te faire sauter dans les toilettes de la boîte.

Ceallagh se départit de son sourire et son visage devint bien plus sombre et sévère. Il ne regrettait pas encore le fait de lui avoir dit de partir, mais ça ne tarderait pas. Même si la situation était souvent insupportable, la dernière chose qu'il souhaitait était la voir quitter cet appartement. Mais pour l'instant, elle l'énervait à mentionner ses "beaux étalons", et tant pis s'il devait répondre en lui manquant de respect.

- Un café ? J'ai l'impression de ne pas être le seul à m'être éclaté cette nuit. T'es vraiment pas terrible.

Son air insolent de retour, Ceallagh quitta son lit en caleçon et enfila un jean, histoire de récupérer un brin de décence après avoir laissé traîner un string.

Son regard n'en fut que plus noir aux répliques du jeune homme. Si il avait osé se taper une de ses amies. Non, si une de ses amies avait osé lui faire ce coup là, ça risquait de faire du grabuge. Certes il pouvait aller sauter n'importe qu'elle fille, cela lui était égal, quoi qu'encore. Mais de son entourage. Un acte qui se voudrait impardonnable et irréparable, et quelque soit le côté. L'une des lois fondamentale de l'amitié, était sûrement de ne pas ce faire les conquêtes de ses amies. Surtout si elle le désirait toujours autant. Certes elle clamait haut et fort qu'il l'horripilait, et d'ailleurs aucune n'était au courant qu'ils avaient passé une nuit ensemble. Ou très peu. Mais par principe. Enfin était-ce sûrement des fantasmes qu'il voulait assouvir. Elle préfère croire à cette possibilité. Et bien que l'envie de lui envoyer son talon aiguille en pleine face lui effleurait plus que subtilement l'esprit, elle n'eut pas la force de se baisser pour l'attraper. Heureusement pour lui, il n'en se serait pas sortit sans séquelle.

« Désolé de te décevoir. Mais pour mon cas, l'alcool avait jouer un grand rôle. Ne te crois pas irrésistible, tu n'ai qu'un vulgaire jeune homme avec un ego sur-dimensionné qui a eu la chance de croiser mes draps. »

Oui autant se faire des fleurs au passage. Il n'en manquait pas de s'en faire dès qu'il en avait l'occasion, alors elle ne s'en privait pas non plus à son tour. Elle était fière d'elle, elle ne laissait rien filtrer. Elle avait beau lui balancer toutes ses méchancetés, et croyez-la il le méritait, mais n'en pensait pas un mot. Enfin les derniers, si certainement. Ouais bon c'est vrai, elle avait pris son pied ce fameux soir, et il l'avait rendu un peu plus accro à lui qu'elle ne l'était avant même que rien ne se passe. Mais qu'il rêve pour qu'il entende ça sortir un jour de sa délicate bouche. Cela en devenait presque troublant pour la jeune femme et ses principes. Principes qui était avant tout de ne pas s'attacher à un homme, de n'éprouver rien que du d'égout ou de l'amitié. Mais avec Ceallagh c'était différent. Complètement différent. Elle avait beau se répéter qu'elle le détestait, qu'elle ne le supportait pas, elle avait se besoin de le retrouver chaque soir, et de le voir lui lancer un de ses fameux sourire, qui se voulait à la base sarcastique mais qui était finalement si envoûtant. Elle le maudissait pour la faire faillir à ce point. Depuis qu'elle avait adopter ce style de vie, elle ne s'était jamais autant enticher d'un homme que lui. Et bordel qu'est ce qu'elle lui trouvait à cet arrogant de merde !

« J'ai plus de classe que toi, que pour aller le faire dans des toilettes. Et l'interdiction ne tient qu'à toi, c'est toi qui a dépasser les bornes en franchissant le pas de ma porte ! »

Oh oui qu'elle s'était éclatée cette nuit, et elle se ferait avec grand plaisir que de lui en raconter les moindres détails. Mais avant tout il allait devoir s'habiller plus décemment que ça. Pas que son torse lui faisait de l'effet. Non, sûrement pas. Enfin lors de conversation sérieuse cela en était que ça pouvait devenir un peu plus que troublant. Attrapant alors un des tee-shirt qui traînait à ses pieds, dire à quel point cette chambre était rangée, elle le lui balança au nez.

« Que crois-tu, que t'as peut-être une meilleure tête que moi ? Les nuits de sexe ça te réussit décidément pas. » s'amusa t'elle à lui répondre. « Mais si cela te fais si plaisir que je te raconte ma folle nuit, je me ferai une joie que de te faire part de mon escapade nocturne. »