shake yourself on the dancefloor •R.

« Au revoir, Mr. Loungway !! »

« TINSLEY !! Je suis content de te voir !! »

« J'en ai assez d'être nul. Je ne veux plus être retardé, Tinsley. Je veux être comme vous tous. Montre-moi à être comme vous .. Je veux être comme vous, juste pour ce soir .. Je t'en supplie, Tinsley. Montre-moi .. »

« NON mais j'y crois pas ! Vous avez vu ce que VOUS avez fait à MES ongles ?! Un truc de DRAGQUEEN ! Et c'est pour ça qu'on vous paye, bordel ? J'ai demandé un truc PRINTANIER et ORIGINAL, pas une manucure de travesti HOLLANDAIS, merde. Ouais, ouais, c'est ça, cause toujours tu m'intéresses. Putain, mais prenez votre putain de fric de merde et dégagez le plancher. C'EST UN MASSACRE. Ouais, je le pense. UN M-A-S-S-A-C-R-E. J'sais pas où vous avez eu votre foutu diplôme, mais à votre place, j'irais porter plainte ! Ouais, c'est ça, bonne journée à toi aussi grognasse. »

C'était un Vendredi après midi comme les autres, et Tinsley était au sommet de sa forme face à une esthéticienne Japonaise un peu dépassée, et qui se confondait en courbettes et en excuses à moitié anglaises afin que cette tornade, que dis-je cet ouragan se calme au plus vite. Mais la façon qu'avait cette pauvre femme apeurée et respectueuse de se courber bien bas, agaçait encore davantage Tins', qui avait envie de la saisir par son chignon choucroute afin de la faire se relever. Peut être pour lui enfouir la tête dans le pot de vernis à ongles, histoire de lui apprendre les bonnes matières. La pauvre Japonaise partie, Tinsley, tout en maugréant dans sa barbe, se saisit de dissolvant et prit soin de défaire ce qu'elle venait de payer une petite fortune, pour un résultat catastrophique. Elle n'était pas méchante, bien au contraire. Si elle criait beaucoup sur le coup, elle n'était pas rancunière et oubliait dans la minute l'objet de sa haine, ou presque. D'ailleurs, une demie heure plus tard, l'incident était oublié, et relegué aux oubliettes. Tinsley arborait une manucure toute neuve d'un orange pâle absolument en vogue à LA qu'elle s'était faite toute seule comme une grande. Elle n'en avait pas l'habitude et devait bien s'avouer une chose : c'était carrément plus réussi comme ça. Simplement dans son monde, on ne faisait rien nous mêmes. C'était pire qu'insultant. La jeune femme employa le temps qu'il lui restait avant d'aller danser en boîte - comme à peu près tous les soirs - à déverser sur son lit le contenu de son dressing, qui s'épaississait de jour en jour. Si Tinsley avait débarqué telle une furie, sans rien (elle n'avait pas besoin d'affaires avait-elle rétorqué d'un ton sifflant à son connard de petit ami qui s'interrogeait bêtement), elle passait ses journées à faire les magasins, et ses soirées à sortir, tant et si bien que des fringues qu'elle n'avait jamais portées s'amoncellaient dans le dressing de l'hôtel. Après une heure d'intense réflexion et des tonnes d'élimination et de fringues froissées sur le sol, Tinsley se décida pour une robe orange - le nouveau rose si l'on en croyait les fashionistas averties - ultra courte mais ultra fraîche et une veste de smoking grise qui cassait le côté trop élégant de la robe. En retroussant les manches, ça faisait parfaitement un look décalé qui lui collait particulièrement bien à la peau. Enfin satisfaite, Tins' jeta son téléphone dans sa poche et coinça sa BlackAmex dans l'élastique de son bas (côté droit, toujours) et sortit en claquant la porte, avec toute la douceur et la discrétion qui étaient siennes. Ironie.

[...]

Tinsley avait fait le tour des pubs du coin avec ses nouveaux amis - rencontrés la veille et sûrement oubliés demain - et déambulait dans les rues de Londres, attendant qu'il fasse assez tard pour se rendre dans sa boîte préférée, où elle commençait à avoir ses entrées à force de s'y rendre et de danser sur le bar sans retenue aucune. Déjà partiellement émêchée, Tins' manqua de trébucher sur ses talons instables lorsque Shaun la serra dans ses bras. Bordel, elle ne l'avait pas venu venir et son coeur manquait de se décrocher. Tinsley le serra dans ses bras jusqu'à l'en étouffer, parce qu'elle adorait les marques d'affection, et qu'elle était toujours un peu excessive dans ses réactions. Shaun l'attendrissait à un point pas possible, et même si chez elle c'était la honte suprême de prouver qu'on était sensible et qu'on disposait d'un coeur - l'égocentrisme latent prenait toute la place, de toute façon - Tins' s'en fichait. Elle ébouriffa tendrement les cheveux de Shauni et se rendit rapidement compte qu'il y avait quelque chose qui clochait. Son explication lui arracha un sourire triste, qu'elle rattrapa bien vite par une esquisse bien plus avenante et amusante. Tinsley le saisit par le bras et entraîna son ami dans son sillage à son allure ahurissante, sans cesser de parler. Son débit de paroles était impressionnant et elle n'avait absolument pas conscience de noyer Shaun sous un flot de paroles sans queue ni tête pour le commun des mortels. Enfin, l'alcool montait parfois à la tête, fallait pas s'en étonner.

« Shauni, je t'interdis de dire que tu es nul parce c'est pas vrai du tout. Tu es la personne la plus adorable que je connaisse, et pourtant, j'en connais des gens. Certains sont de vrais pourritures, soit dit en passant. Tu es unique, et c'est ça qui est touchant chez toi. Alors écoute moi bien, je veux pas que tu aies honte d'être comme tu es, d'accord ? N'écoute personne d'autre que les gens qui t'apprécient, parce que ce sont les autres, les nuls. Tu sais quoi ? Si tout le monde était pareil, ce serait vraiment pas drôle. LE CONFORMISME AMBIANT TUE LA SOCIETE, bordel. Tu sais, chez moi, toutes les filles se ressemblent. Elles sont presque toutes blondes, squelletiques, avec d'énormes seins et de grosses lèvres. Elles sont bronzées toute l'année et rêvent de faire du cinéma. IDENTIQUES. Et tu sais quoi, ça c'est nul. »

Tinsley continua son discours pendant encore cinq bonnes minutes d'une voix vive et rapide, sans se douter qu'elle avait sûrement déjà perdu Shaun, ou qu'elle l'ennuyait à en mourir.

« ANYWAY. Je vais te montrer un truc fun, que tous les jeunes font au moins uen fois un Vendredi soir. On va aller s'amuser, boire et danser. Je te ramènerai chez toi par la porte de derrière et tout le monde n'y verra que du feu. Tu as confiance en moi ? »

Tinsley ponctua sa phrase d'un sourire malicieux et ne laissa même pas le temps à Shaun de répondre que déjà elle hélait un taxi pour se rendre en boîte. Un quart d'heure plus tard, elle payait leurs deux entrées en dégainant sa CB de l'élastique de son bas - oui bon, un sac à main, c'est inutile, et encombrant - et les deuex jeunes gens pénètrèrent dans une boîte bondée, où des jeunes serrés comme des sardines se déhanchaient plus ou moins en rythme sur de la musique assourdissante. Tinsley ne lâchait pas le bras de Shaun tandis qu'elle slalomait entre les couples ventousés, et les bandes d'amis qui riaient à gorge déployée pour atteindre le bar à l'étage, où l'on pouvait un peu plus s'entendre.

« Nous y voilà sweetie ! »

« Je veux ça ! »