oriane ; you don't know what she hides

Séance chez le psy.

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L'État a jugé qu'il était nécessaire de faire un état des lieux à l'heure actuelle, à la suite de tous les événements qui se sont accumulés depuis quelques mois. Ainsi, elle lance un avis général à la couverture d'un des quotidiens les plus célèbres du pays, annonçant que tous les habitants de la Capitale devront se rendre à un entretien (évidemment, gratuit) chez un psychologue, pour discuter de leur vision des choses et de la façon dont ils vivent l'apparition mystérieuse de ces lettres. Si vous avez donc reçu un courrier vous donnant l'ordre de vous rendre à ce rendez-vous dont la date est déjà fixée, ne vous affolez pas, vous n'êtes pas (encore) complètement fou.

J'me fais suivre.

oriane ; you don't know what she hides Cbdp8

You are always trying to keep it real.
I'm in love with how you feel.
I don't see what anyone can see, in anyone else,
But you.
ANYONE ELSE BUT YOU - The Moldy Peaches.

L'homme est capable du meilleur comme du pire, mais c'est
vraiment dans le pire qu'il est le meilleur.
Grégoire Lacroix, extrait de Les euphorismes de Grégoire.

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Bonjour, je suis le Professeur Carlson, votre psychologue. Pouvez-vous me parler de votre situation ?

Bonjour, Professeur Carlson. J'ai toujours rêvé de m'assoir face à un psychologue et de l'appeler ainsi. Cela dit, je me voyais plus échanger avec vous une poignée de main ferme, prendre place confortablement dans un divan rouge et prononcer un autre nom que le vôtre. "Carlson", ça n'a pas le piquant du psy. Non, ça évoque plutôt un rugbyman raté qui est passé à côté d'une carrière professionnelle aux Etats-Unis. Je m'égare, je ferais mieux d'apprendre à me taire parfois. J'éspère que je ne vous ai pas vexé. Excusez-moi, si tel est le cas. Vous savez, c'est étrange, mais je connais des difficultés à parler de moi à mes amis. Seulement, je ne cesse de narrer les moindres détails de mon existence aux inconnus. Ca vient peut-être de l'enfance, ou d'un événement passé qui m'aurait affecté... Enfin, c'est vous le psychologue, je suis sûre que vous voyez de quoi je parle. A la télévision, dans les films, dans les livres, on décrit toujours - oui toujours, je peux vous l'assurer - les scènes chez les psychologues comme un affreux moment où le patient parle et le docteur écoute en se contentant de hocher la tête ou poser des questions insensées, comme raconter la relation entretenue avec les parents étant petit. Et, à chaque fois, ça ne trompe pas, le client s'offusque de devoir livrer ce genre de choses qui d'après lui n'ont aucun lien avec sa guérison. Ne vous inquiétez, je vous fais confiance, moi, je répondrais à toutes vos questions. Vous avez fait de longues études pour en arriver là, j'imagine : vous savez ce que vous faites. Sans plus attendre, venons-en à moi. Ma situation, vous dites ? Sachez ceci : c'est assez simple. Je m'appelle Oriane Lebrun, j'ai vingt-trois ans. Je suis française, comme l'indiquent mon nom et mon prénom. Ce que je fais à Londres ? J'étudie. Le cas de figure n'est pas rare, beaucoups de jeunes de mon âge quittent la France pour commencer ou compléter des études à l'étranger. Il y a quelques années, mon grand frère a fait la même chose, et ça lui a absolument réussi. Ah, c'était quelque chose de le voir partir. Je tiens à ce grand fou plus que tout... Durant mon adolescence, il m'a enseigné énormément de choses et il a toujours su me protéger des situations rocambolesques. Nous nous disputions, évidemment, quels frères et soeurs ne le font pas ? Enfin, bref, tout ça pour expliquer ma détermination à m'installer dans la capitale le temps de décrocher mon diplôme. De vous à moi, je pense à m'installer définitivement depuis quelques semaines. Sachant qu'Alexandre, mon frère, réside désormais ici, il pourrait tout à fait me soutenir si je venais à exécuter ce projet. C'est assez confus, je ne m'éterniserai pas sur le sujet.

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Entrons dans le vif du sujet, voulez-vous ? Si vous êtes ici, c'est que vous avez forcément reçu l'une de ces lettres volantes. Quelle a été votre première réaction ? Qu'avez-vous fait alors ?

"Le vif du sujet", ça me plait ! En effet, j'ai bien reçu l'une de ces lettres. Avant cela, je ne comprenais pas réellement le ravissement que provoquaient ces écrits chez les londonniens. Quand je ne m'impliquais pas encore, ça me paraissait assez dérisoire, Professeur Carlson. Des lettres qui "pleuvent", vous comprenez, ce n'est pas facile à accepter. Dans un premier temps, j'ai donc porté peu d'attention à l'affaire. Puis, le ramdam que les médias ont fait a commencé à m'intéresser progressivement. J'ai feuilleté la presse, écouté les reportages consacrés à l'événement, interrogé des amis. Jusqu'à ce que cela me tombe dessus, le problème était décousu. J'avais peine à faire le lien entre tous les éléments et j'ai cru à une manipulation de la population. Aucune hypothèse n'était à écarter, je me laissai donc emporter et m'aventurait dans des thèses incroyables. Peut-être était-ce une blague ? Vint ce samedi après-midi commun. J'avais fini par recevoir l'un de ces écrits. La lettre que je tenais entre les mains était pour le moins étrange. Elle semblait s'adresser à une personne d'un certain âge. Je ne voyais pas en quoi elle me concernait, néanmoins je tenais plus que tout à conserver chacun des courriers que l'on m'enverrait. Quelques jours plus tard, je reçus de nouveau un message, plus ambiguë encore que le précédant. Aujourd'hui, je garde précisieusement dans une boîte dix-sept cartes. La tension est tout à fait palpable chez les habitants, de ce fait mon intérêt pour l'événement ne cesse d'accroître de jour en jour.

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Seriez-vous du genre à faire une mauvaise blague à toute une ville? Si tout ça n'est qu'une mascarade, comprenez-vous le petit blagueur?

Je ne suis pas à l'origine de ces lettres, qui, il faut le dire, ont engendré un vrai tapage de toutes parts. Les médias s'emparent de l'affaire, les londonniens sont totallement désampérés et, pour certains, amusés, des vies en sont boulversés, chacun s'interroge... La situation a pris une ampleur que le fauteur de trouble qui se cache derrière ça ne prévoyait pas. Si une telle idée m'était passée par la tête - ce qui me paraît totallement absurde - j'aurais réfléchi aux conséquences. Je ne suis pas impulsive. On me dit souvent que je suis posée. Parfois même, on me reproche un manque de spontanéité. C'est la peur de ne pas plaire qui me fait me comporter ainsi. Dans ma famille, l'image a toujours été primordiale. Et pour cause, le milieu social dont je suis issue l'a toujours exigé. Mes parents ont de l'argent, et pour être tout à fait honnête, ils n'ont pas intésement contribué à cela. Que ce soit du côté maternel ou paternel, les difficultés pécunières leur sont inconnues depuis leur naissance. Je ne vais pas me plaindre, mais ceci exige des choses pas toujours agréables. Les règles d'une vie... Oh, après tout, un : "Bla, bla, bla, vous connaissez la suite" fera l'affaire.
Où en étais-je ? Je parle vraiment trop. J'éspère que cela ne vous importunne pas trop, Professeur. Je jubile à l'idée de pouvoir vous appeler ainsi. PROFESSEUR CARLSON ! Ne me demandez pas pourquoi, c'est ainsi. Je ne suis pas folle, vous savez. Je me réveille, tous les matins à quatre heures, comme tout le monde, je prend mon petit-déjeuner, comme tout le monde - un verre de sang tiède et des tartines de rat - , comme tout le monde, je réside un manoir du 17ème... Excusez-moi. J'évoquais un sketch d'une humoriste française que j'apprécie beaucoup, mais hélas vous n'avez pas pu percevoir la référence à Florence Foresti. Oui, j'en reviens au sujet, Monsieur.
Je n'ai pas à me justifier à ce sujet car je n'ai rien à me reprocher. Je ne suis pas celle que l'on recherche. La tête pensante de l'affaire est ailleurs que dans cette pièce. Je vous souhaite bien du courage pour la trouver !

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Je vais sembler m'éloigner du sujet, mais j'aimerais savoir une chose à votre propos, pour mieux vous cerner... Y a-t-il un événement qui vous a particulièrement marqué, dans votre existence?

Il y en a eu énormément. Laissez-moi réfléchir un instant. Ca y est, je sais lequel je pourrais évoquer. Je préfère narrer une anecdote joyeuse. Vous vous attendiez à ce que je cherche à faire pleurer dans les chaumières, peut-être ? Dommage. C'était le vingt-quatre novembre 2 002, jour de mes dix-sept ans. Ce dimanche-là commença comme la plupart des dimanches. Je me réveillaià dix heures du matin environ. J'enfilai mes pantoufles rouge et atrappa un élastique posé sur la table de chevet et rassemblai ma longue chevelure brune en un chignon négligé qui dégageait néanmoins un certain style. Je fis quelques pas en direction de ma salle de bain, eut une soudaine envie de crier "Remboursé !" au large miroir prenant tout le mur de droite et remarquai que ma baignoire était remplie. Apparement, quelqu'un m'avait préparé un bain moussant. Quelques pétales de rose étaient parsemés tout autour du bain et une agréable odeur me parvint. Surprise, j'observai le reste de la pièce et vis une photographie de quelques amis. L'un faisait un clin d'oeil, l'autre affichait un sourire franc... Au dos, une petite note du groupe : "Bon anniversaire ! Prépare-toi à bien d'autres intentions... Xoxo." La journée se poursuivit comme prévu avec son lot de suprises. Aux environs de dix-neuf heures, après m'avoir souhaité mon anniversaire et offert mes cadeaux, mes parents prétextèrent une invitation chez de la famille pour laisser l'appartement libre; mes meilleurs amis avaient prévu une fête mémorable. Ils débarquèrent un par un chez moi, puis, une fois tous réunis, ils firent entrer une trentaine d'invités. Ces derniers furent suivis tout au long de la soirée par d'autres arrivants et c'est plus tard que la soirée devint réellement intéressante. Elle se finit tard la nuit, ou tôt le matin, tout dépend du point de vue, et c'est à ce jour le meilleur anniversaire que l'on m'aie préparé.

Camilla

oriane ; you don't know what she hides 574483

Bienvenuuuuue I love you

HAN ROOOOSE. oriane ; you don't know what she hides 408683

Bienvenue, je réserve Camilla. I love you

Bienvenue !
(Meddle ? I love you

)

Welcome

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CAMILLA. oriane ; you don't know what she hides 408683

oriane ; you don't know what she hides 926195

Bienvenue.

Merci à tous

Ceallagh > Oui, c'est bien ça.

Bienvenue. oriane ; you don't know what she hides 672380

Elle est magnifique sur ce gif. Shocked

BIENVENUE. oriane ; you don't know what she hides 574483

Merci à vous deux.
Shaun, je suis d'accord. En même temps, elle est souvent magnifique, il faut dire

CAMILLA EST BELLE !

Bienvenue mademoiselle.

Citation :: N’oubliez pas que le délai pour terminer votre fiche est d’une semaine!
En voyant que beaucoup de fiches sont peu avancées, voire pas du tout, nous avons décidé de faire un petit ménage.
Tu as posté ta fiche le dimanche 10 mai, ce qui fait plus d’une semaine.
Tu as jusqu’à dimanche soir 20h pour la terminer, ou on sera obligées de supprimer ton compte
Si tu veux rester parmi nous, prends ton courage à deux mains pour remplir cette courte fiche avant dimanche

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Heum... Interessant, je prends note. Et une personnalité, quelqu'un de votre entourage, une célébrité? Une personne qui, à vos yeux, force l'admiration?

Je n'ai pas parlé de lui durant notre entretien, Professeur Carlson, mais la réponse la plus appropriée à votre question est Pierre Garnier. Il est l'homme qui m'a le plus appris, après mon frère, jusqu'à aujourd'hui. Nous avons tout partagé ensemble, absolument tout. Nous avons vécu nos premières fois, nos peines, nos joies, nos désillusions, nos changements, à deux. Les fous rires, les larmes, les cris, les sautes d'humeur, nous nous sommes vus dans chacun de ses états. Pierre a été mon ami, mon compagnon, mon frère, mon pote, mon bien-aimé. Je sais que je vais basculer dans le registre guimauve, en disant ceci : aucun mot n'est assez intense pour exprimer la relation que j'ai entrenue avec lui.
Nous nous sommes rencontrés au collège, en quatrième. Nous étions dans la même classe. Il était nouveau dans l'établissement, et, déjà, garçons comme filles se précipitaient pour avoir la chance de le fréquenter. Je ne vous le cache pas, je rêvais également de pouvoir échanger quelques mots avec lui et plus si affinités. Coup de chance, notre professeur principal nous a placés l'un à côté de l'autre en cours. Vous imaginez ma joie et la jalousie que cela a provoqué. J'étais aux anges, et Pierre ne semblait pas mécontent.
Quatre ans plus tard, nous y voilà. Nous étions Oriane et Pierre, les inséparables du lycée. C'est tellement incroyable... En reparler ravive en moi des émotions refoulées. C'est injuste, vous n'aviez pas le droit de me poser cette question. Excusez-moi, auriez-vous un mouchoir, Professeur Carlson ?
Aujourd'hui, j'ai perdu mon partenaire le plus cher. Non, bien sûr que non, il n'est pas mort ! D'ailleurs, je me demande si je n'aurai pas préféré que ce soit le cas. Ne faites pas ces gros yeux ! C'est dingue, ça fait ressortir en vous un côté Mr Spock ! Très drôle, Professeur. Bref. Revenons-en à Garnier. Un samedi, lendemain d'une soirée révisions du bac - quoi, je ne suis pas crédible ? - il avait disparu. Il s'était enfui. Pierre m'avait laissé un ridicule petit mot. Un post-it sur ma table, ça lui avait semblé suffisant. Je n'ai pu m'empêcher de penser que c'était un lâche, un faible, un salaud. "Je devais partir, Oria. Je vais bien, ne t'en fais pas." Risible, n'est-ce pas ? « Toi mon amour, mon ami, quand je rêve c'est de toi. Mon amour, mon ami, quand je chante c'est pour toi. Mon amour, mon ami, je ne peux vivre sans toi, mon amour, mon ami, et je ne sais pas pourquoi. » J'ai dû écouter cette chanson de Marie Laforêt un bon millième de fois avant de me faire une raison : Pierre était parti je-ne-sais-où, sa famille non plus ne pouvait répondre à mes interrogations, Garnier ne lisait plus ses mails, sa messagerie vocale était pleine... J'étais dévastée. Pourtant, il me fallait aller de l'avant et oublier. Faire comme si je ne l'avais pas connu, comme s'il n'avait pas existé. Comme si je ne l'avais pas aimé. Oh, et puis zut, en quoi toute cette histoire vous regarde-t-elle ? Quelle enflûre vous faites ! Je retire ce que j'ai dis, pardon, je me suis emballée encore une fois. Ecoutez, j'ai besoin de faire une courte pause, je pourrai continuer mon récit dans de meilleures conditions.
Je peux poursuivre l'histoire, à présent. Un an après son effacement de la vie parisienne, après maintes tentatives de prises de contact infructueuses, je découvris sur ma boîte de récéption un mail de Pierre. C'est avec une immense boule au ventre que je cliquai sur le titre du message "A toi, ma brune".

Citation :

Oriane, ma belle Oriane,

Je suis actuellement à Madrid, où je séjourne depuis deux mois. Il fait beau, le soleil semble ne jamais se coucher et les espagnols sont très amicaux. J'ai trouvé un job, je bosse dans un restau' en plein centre-ville. Les gens sont bien moins exigents (chiants !) qu'en France. Je vis en colocation avec Miguel, un jeune que tu aurais toi aussi probablement adoré. Il connaît plein de jolies filles, des bombasses, je te jure ! Tout va pour le mieux, ici, mais il ne manque que toi...
Tu me manques, c'est atroce, démentiel, irréel... J'ai besoin de toi, et j'éspère que jamais tu n'as pu pensé que je n'ai aucun remords quant à l'idée de t'avoir abandonnée comme ça, du jour au lendemain, sans aucune explication. Je ne regrette pas ce que j'ai fais, j'aurai simpement dû t'en parler. Je sais, parce que je te connais mieux que quiconque, que tu m'aurais soutenu. Aaaah, si seulement je n'avais pas été aussi "kéké", comme tu as l'habitude de dire !
Tu te demandes sûrement pourquoi j'ai attendu tout ce temps pour te contacter, ce que je fais en Espagne, où est-ce que j'ai été avant... Ce serait bien trop long à écrire, Oria. Je voulais voler de mes propres ailes, tenter l'aventure dans le monde entier à la recherche de piment, d'adrénaline, de quelque chose d'excitant. C'est la seule occasion que j'ai eue de répondre à tes nombreux e-mails, c'est déplorable, mais je n'y peux rien. Je suis chez un pote de Miguel, il a un de ces appart', tu n'en reviendrais pas. Magnífico !
Muchos besos, guapa muchachaaaaa. (Je te vois bien rire de mon riche vocabulaire et de mon accent ! Arrête-toi vite.)
Un abrazo... Te quierooo, Pedro.

C'est de cette façon que nous avions entamé une correspondance via Internet. Nous en étions réduis à ça, quelques malheureuses phrases virtuelles. Or ça n'avait aucun sens à mes yeux. Je préférai donc mettre fin à cet échange qui me faisait plus souffrir qu'autre chose. Depuis, plus de nouvelles. "Pedro" pouvait être n'importe où, en train de faire n'importe quoi, avec n'importe qui.
Ce que je regrette le plus, avec du recul, c'est de ne pas avoir avoué mon amour pour lui quand j'en avais encore l'occasion.